Vous êtes enceint·e. Pourtant, vous ne vous sentez pas prêt·e, ne souhaitez pas ou n’êtes pas en mesure d’avoir un enfant. Vous souhaitez interrompre la grossesse. Que devez-vous faire ? Quels sont vos droits ? Comment procéder ? Vous trouverez ici les réponses à de nombreuses questions.

Jusqu’à la douzième semaine de grossesse, la personne enceinte décide si elle souhaite poursuivre ou interrompre la grossesse. C’est ce que prévoit le régime du délai dans le droit suisse. Passé ce délai, une ou un médecin évalue la situation (article 119). En Suisse, une interruption de grossesse (avortement) est remboursée par l’assurance-maladie, déduction faite de la franchise et de la quote-part qui restent à votre charge.

Si vous n’êtes pas encore parvenue à une décision claire, consultez notre page : « Avoir un enfant ? Interrompre la grossesse ? Comment décider ? »

Avez-vous moins de 16 ans ? Voir les encadrés ci-dessous.

Comment dois-je procéder ?

Première étape : confirmer la grossesse

Faites tout d'abord un test de grossesse qui permettra de déterminer si vous êtes enceinte ou non. Vous pouvez l’effectuer au plus tôt quelques jours après l’absence de vos règles. Des tests de grossesse sont disponibles en pharmacie, en droguerie et dans certains distributeurs automatiques Selecta.

Si vous avez des cycles réguliers, vous pouvez calculer l’avancement de votre grossesse : comptez simplement le nombre de jours écoulés depuis le premier jour de vos dernières règles.

Si le test est positif, vous pouvez faire confirmer la grossesse dans un hôpital ou un cabinet médical. Généralement, un ultrason (échographie) est pratiqué. Cet examen permet de :

  • confirmer la grossesse ;
  • préciser l’âge de la grossesse (nombre de semaines de grossesse) ;
  • déterminer si la grossesse se développe correctement (pour exclure une grossesse extra-utérine).

Renseignez-vous sur la procédure d’interruption de grossesse ici ou dans un centre reconnu de consultation en matière de grossesse. En fonction des cantons, les avortements sont pratiqués à l’hôpital ou dans un cabinet médical. Important : vous avez le droit de savoir où vous pouvez pratiquer un avortement.

Deuxième étape : utilisez votre droit à une consultation gratuite

Avez-vous des questions ou des préoccupations concernant l’interruption de grossesse ? Vous avez droit, ainsi que vos proches, à une consultation gratuite et confidentielle dans un centre de santé sexuelle. Ce droit est garanti par la loi fédérale sur les centres de consultation en matière de grossesse. Cette démarche est facultative. Lors de la consultation, vous serez soutenue dans votre décision.

Buts de la consultation:

  • Soutenir une décision autodéterminée
  • Accompagner dans le processus décisionnel en cas d’incertitudes
  • À la demande de la personne enceinte : inclure le ou la partenaire dans le processus de décision. Les partenaires peuvent également prendre un rendez-vous sans la présence de la personne enceinte.
  • Fournir des informations correctes sur les risques liés à l’interruption de grossesse et sur les différentes méthodes
  • À la demande de la personne enceinte : fournir des informations sur les solutions alternatives (adoption, accouchement confidentiel) et sur les possibilités d’aide
  • Fournir une assistance en cas de difficultés financières liées à l’interruption de grossesse
  • Parler ouvertement de tout stress psychologique
  • Lever les tabous autour de l’interruption de grossesse : les pressions viennent également de la stigmatisation et des tabous
  • Vérifier l’absence de pression sur la personne enceinte par des personnes tierces
  • Aider et soutenir en cas de relations sexuelles abusives
  • Fournir une aide externe si nécessaire
  • Aider pour la prise du rendez-vous
  • Informer sur les méthodes contraceptives

Troisième étape : planifier la consultation préalable obligatoire, le rendez-vous et le contrôle

Avant l’interruption de grossesse, votre médecin doit s’entretenir de manière détaillée avec la personne enceinte (conformément au code pénal suisse). Cette consultation est obligatoire. Vous y recevrez des informations sur les risques médicaux. Vous serez également conseillée sur les différentes méthodes de contraception. Cette discussion peut avoir lieu quelques jours à l’avance ou juste avant l’avortement. C’est aussi à ce moment-là que vous confirmerez que vous souhaitez bien interrompre la grossesse, selon la méthode convenue. Les risques et les complications sont rares. Par précaution, un contrôle sera effectué quelques jours après le traitement.

À savoir:

  • Une interruption de grossesse n'a aucune influence sur la fertilité ; contrairement à ce qui est souvent présenté sur internet.
  • Une interruption de grossesse est couverte par l'assurance-maladie de base (après déduction de la franchise et de la quote-part qui restent à votre charge).
  • Si vous rencontrez des difficultés pour financer l’interruption : prenez contact avec un centre de santé sexuelle. Il cherchera une solution avec vous.

Méthodes d’interruption de grossesse

Il existe deux méthodes d’interruption de grossesse :

  • par l’administration de médicaments
  • par voie chirurgicale 

Le choix de la méthode dépend de plusieurs facteurs : Quelle méthode préférez-vous ? Quel est le stade d’avancement de votre grossesse ? Souffrez-vous de maladies ou avez-vous d’autres facteurs de risque ? Lors de la consultation médicale, votre médecin clarifiera les options possibles dans votre cas.

En Suisse, 95% des interruptions de grossesse ont lieu dans les 12 premières semaines de grossesse. Et les trois quarts par voie médicamenteuse.

Les deux méthodes d’interruption de grossesse ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients. Et les deux méthodes peuvent entraîner des complications. Vous pouvez obtenir des informations plus détaillées auprès de votre médecin ou dans un centre de consultation en matière de grossesse.

Interruption médicamenteuse en début de grossesse

L’interruption médicamenteuse est pratiquée jusqu’à la septième semaine de grossesse. Dans de nombreux hôpitaux ou cabinets médicaux, vous recevrez le médicament jusqu’à la neuvième semaine. Renseignez-vous ! Cette méthode nécessite la prise de deux médicaments, à prendre dans un intervalle de 36 à 48 heures d’intervalle. Selon les pratiques locales, vous pouvez prendre les deux médicaments au cabinet médical, à l’hôpital ou chez vous.

Les médicaments agissent ainsi :

  • La prise de Mifegyne® (mifépristone) stoppe l’évolution de la grossesse.
  • Après 36 à 48 heures maximum, la prise de MisoOne® (misoprostol) provoque des contractions dans l’utérus. Ceci déclenche des saignements qui vont amener à l’expulsion de la grossesse. Pour la plupart des personnes, cela se produit dans les 3 à 4 heures.

À savoir: La méthode médicamenteuse peut s’accompagner de saignements abondants, de douleurs et/ou d’autres effets secondaires inconfortables (nausées, vomissements, crampes, diarrhées). On vous donnera des antidouleurs et, si nécessaire, d’autres médicaments. Dans des cas très rares, l’interruption de grossesse par voie médicamenteuse peut être incomplète et nécessiter une intervention chirurgicale. Un contrôle après le traitement est donc indispensable.

Interruption de grossesse chirurgicale

L’interruption de grossesse chirurgicale a lieu sous anesthésie complète ou partielle. Quelques hôpitaux et cabinets médicaux proposent également une anesthésie locale. L’intervention est pratiquée à l’hôpital (en ambulatoire ou avec hospitalisation si nécessaire) ou dans un cabinet médical spécialement équipé pour cela.

Lors de l’intervention, la ou le médecin dilate avec précaution le col de l’utérus de quelques millimètres. Ceci permet d’insérer une canule et d’aspirer le contenu de la cavité utérine.

À savoir: L’interruption de grossesse chirurgicale est une méthode sûre et les complications sont rares. Les possibles complications sont :

  • lésions du col de l’utérus et/ou de la paroi utérine
  • infections, saignements abondants, caillots de sang (thrombose)
  • aspiration incomplète nécessitant une seconde intervention.

Interruption de grossesse médicamenteuse avec expulsion

Cette méthode est rarement utilisée en Suisse.

Parfois, une personne interrompt la grossesse pendant le deuxième trimestre de sa grossesse. A ce stade avancé, on donne à cette personne des médicaments qui entraînent l’expulsion de la grossesse. Ce traitement peut durer un certain temps – de quelques heures à plusieurs jours.

En Suisse, il n’est pas toujours facile de trouver un établissement qui pratique des avortements après la douzième semaine de grossesse. Renseignez-vous auprès d’un centre de santé sexuelle.

Contacts

Vous pouvez obtenir des conseils gratuits et confidentiels sur la grossesse et d’autres thèmes de santé sexuelle auprès des centres de santé sexuelle reconnus par les cantons. Ou consultez votre médecin. Toutes ces personnes sont tenues au secret professionnel.

APAC Suisse. Adresse des médecins qui pratiquent les interruptions de grossesse.

Questions fréquentes

Puis-je à nouveau être enceint·e après une interruption de grossesse ?

Une interruption de grossesse pratiquée de manière professionnelle ne rend pas stérile. Une nouvelle grossesse peut être envisagée dès le mois qui suit. Un avortement pratiqué durant le premier trimestre est de nos jours un acte médical sûr et simple. Certaines personnes croient à tort qu’une interruption de grossesse entraînera des problèmes par la suite : infertilité, grossesse extra-utérine, fausse couche, malformation congénitale, naissance prématurée ou poids trop faible à la naissance. En réalité, une interruption de grossesse n’entraîne aucune de ces conséquences.

Dois-je craindre des répercussions psychiques ?

Non. Une interruption de grossesse peut provoquer des sentiments mitigés. La charge psychique est toutefois plus grande avant l’interruption de grossesse. Après une interruption de grossesse, la majorité d’entre elles se sentent avant tout soulagées. Une minorité parle de sentiments de tristesse, de regret ou de culpabilité. Ces sentiments sont le plus souvent passagers. Des conséquences psychiques graves sont très rares.

Certaines personnes éprouvent un sentiment de perte, de deuil : c’est tout aussi normal qu’après n’importe quelle autre décision difficile dans une vie.

De plus, ce sentiment de culpabilité peut être renforcé, voire même provoqué par le tabou et la stigmatisation qui entourent l’interruption de grossesse. L’image négative de l’entourage ou de la société peut parfois provoquer plus de souffrance que l’interruption de grossesse elle-même.

Une interruption de grossesse est-elle douloureuse?

Une interruption de grossesse peut provoquer des douleurs, qu’elle soit pratiquée chirurgicalement ou provoquée par des médicaments. En cas de besoin, on vous prescrira un antidouleur. Se reposer, parler avec les spécialistes en santé sexuelle, faire des exercices de relaxation peuvent vous aider. Faites-vous accompagner si possible par une personne de confiance.

Avec la méthode médicamenteuse : si vous avez des douleurs, elles sont généralement plus fortes que celles ressenties pendant les règles. Elles disparaissent rapidement après l’expulsion. Elles peuvent parfois durer plus longtemps.

Avec la méthode chirurgicale : des douleurs peuvent occasionnellement survenir après l’intervention, ou brièvement pendant l’intervention en cas d’anesthésie locale.

Puis-je avoir des relations sexuelles tout de suite après une interruption de grossesse ?

Cela dépend de votre situation personnelle. Parlez-en avec votre médecin.

Comment dois-je démontrer ma "situation de détresse" dans un cabinet médical ?

Dans le cadre du régime du délai (jusqu'à la 12ème semaine de grossesse), le·a médecin vous remet une lettre pré-imprimée que vous devez signer. On y lit notamment ce qui suit : "Je suis enceinte et me trouve dans une situation de détresse. Je décide de ne pas mener cette grossesse à terme. C’est pourquoi je demande une interruption de grossesse.". Il n'y pas d'obligation de parler des raisons qui soutiennent votre décision, sauf si vous le souhaitez.

A partir de la 13ème semaine de grossesse, un·e spécialiste de la santé évalue votre situation de détresse. Dans ce cas, vous aurez un entretien au cours duquel vous exposerez votre situation et les raisons pour lesquelles vous souhaitez interrompre votre grossesse.

Combien coûte une interruption de grossesse ? Est-ce que l’assurance-maladie de base prend en charge les coûts?

Les prix varient d’un canton à l’autre. Une interruption de grossesse peut coûter de 500 à 3'000 CHF. L’intervention est prise en charge par l’assurance-maladie de base, déduction faite de la franchise et de la quote-part qui restent à votre charge.

Une personne étrangère sans permis de séjour peut-elle demander une interruption de grossesse en Suisse ?

Oui, une personne dans cette situation a le droit de demander une interruption de grossesse en Suisse. Elle n’a peut-être pas de caisse-maladie ou d’assurance, Dans ce cas, il est possible qu’elle doive payer elle-même l’intervention. Renseignez-vous auprès d’un centre de santé sexuelle.

Une autorisation des parents, du mari ou du partenaire est-elle nécessaire ?

Non. La personne décide elle-même, même si elle n’est pas encore adulte. Il suffit d’être capable de discernement.

Aimeriez-vous qu’une personne vous accompagne à la consultation ? Par exemple votre partenaire, votre mari, vos parents ou une autre personne de confiance. Avoir quelqu’un à vos côtés peut aider à prendre une décision. Mais c’est vous seule qui décidez si vous souhaitez la présence de quelqu’un d’autre à cet entretien.

Comment puis-je éviter une prochaine grossesse non désirée ?

Optez pour un moyen de contraception efficace et sûr. Demandez conseil pour savoir lequel est le plus adapté à votre phase de vie actuelle. Votre médecin ou un spécialiste de la santé sexuelle du centre de votre région vous assistera dans ce choix.

Est-il vrai que certaines femmes et/ou couples utilisent l’avortement comme moyen de contraception ?

Non. Personne n’utilise l’avortement comme moyen de contraception. C’est aussi ce que montre le faible taux d’interruption de grossesse en Suisse. Si cette affirmation était correcte, les personnes fertiles auraient en moyenne deux à trois grossesses par année. Et ceci pendant leurs 30 années de fertilité !

Existe-t-il un délai de réflexion légal imposé pour une femme qui souhaite interrompre sa grossesse ?

Non. Le code pénal suisse ne mentionne aucun délai. Il n’y a donc pas de délai de réflexion obligatoire.

Les hommes ont-ils également droit à des conseils psychosociaux dans un centre de santé sexuelle ?

Oui. Même si la loi stipule que seule la personne enceinte décide, les partenaires sont les bienvenus dans les centres de consultation en santé sexuelle. Ils peuvent parler de leurs expériences, de leurs sentiments et de leur rôle dans la prise de décision en cas de grossesse non désirée. Une consultation individuelle est également possible, à leur demande.

Personnes mineures

Es-tu une personne mineure et enceinte sans avoir choisi de l’être ? Les centres de conseil en matière de grossesse s’occupant spécifiquement des jeunes sont là pour t’accompagner dans toutes tes démarches. Ils te soutiendront dans tes décisions. Les conseils sont gratuits. Toutes les personnes travaillant dans ces centres sont tenues au secret professionnel. Tu décides si tu souhaites informer tes parents ou d’autres personnes. Il est bien sûr préférable d’en parler à tes parents qui peuvent être d’un grand soutien dans les situations difficiles.

Lors de ton entretien avec la ou le professionnel·le du centre, cette personne

  • s’assurera que tu es capable de discernement,
  • s’entretiendra avec toi de ta situation personnelle et familiale,
  • examinera avec toi les solutions possibles,
  • clarifiera la nécessité d’une protection et, le cas échéant, estimera les mesures nécessaires à prendre.

Interruption de grossesse : cadre légal en Suisse

L’interruption de grossesse est réglementée par le code pénal suisse : pendant les 12 premières semaines de la grossesse, la décision d’interrompre ou de poursuivre la grossesse appartient à la personne concernée. Passé ce délai, une ou un médecin évalue la situation (article 119).

Pour les personnes mineures (de moins de 16 ans) : avant l’interruption de grossesse, un entretien dans un centre de consultation reconnu est obligatoire (article 120 du code pénal suisse). Dans la plupart des cantons, il s’agit des centres de santé sexuelle et planning familial.

La loi fédérale sur l’assurance-maladie stipule : les coûts de l’interruption de grossesse sont couverts par l’assurance maladie de base obligatoire, après déduction de la franchise et de la quote-part (LAMal RS 832.10, article 30).

Droit au conseil : conformément à la loi fédérale sur les centres de consultation en matière de grossesse, la personne enceinte et son entourage ont droit à des conseils et un soutien gratuits dans un centre de santé sexuelle et planning familial. Et ceci, quelle que soit la décision qui sera prise (loi fédérale RS 857.5).

Informations supplémentaires

Histoire de l’interruption de grossesse en Suisse

Les grossesses non voulues et les interruptions de grossesse ont toujours existé. Il y en a encore aujourd’hui. Jusqu’à la fin du 20e siècle, de nombreuses législations nationales ont criminalisé l’interruption de grossesse, ceci également en Suisse, poussant ainsi des personnes à avorter illégalement. Interrompre une grossesse sans un cadre médical approprié revient à mettre sa vie en jeu.

Après des dizaines d’années de lutte pour la libéralisation de l’interruption de grossesse, le droit pénal suisse a été finalement adapté à la réalité. La nouvelle réglementation a été acceptée lors de la votation populaire du 2 juin 2002, avec un oui clair à 72,2%. Le régime du délai est entré en vigueur le 1er octobre 2002. Aujourd'hui, une personne enceinte peut décider jusqu’à la douzième semaine de grossesse si elle veut poursuivre ou interrompre sa grossesse.

Cependant, l’interruption de grossesse est toujours réglementée par le code pénal.

Ce droit à l’autodétermination est conforme au principe international largement reconnu selon lequel chaque personne a le droit de décider librement si, quand et combien d’enfants elle souhaite avoir. L’application de ce droit ne peut cependant être effective que si toutes les personnes qui décident d’interrompre leur grossesse ont la garantie de pouvoir le faire dans un cadre approprié et sécure. Ce cadre doit également être garanti aux personnes socialement ou financièrement défavorisées.

L’accès à une interruption de grossesse pratiquée dans des conditions sanitaires et médicales adéquates est une condition importante pour éviter les avortements illégaux, qui comportent de graves risques pour la santé des personnes concernées. En Suisse, une interruption de grossesse peut aujourd’hui être effectuée dans un cadre approprié et en toute légalité. Les coûts sont pris en charge par l’assurance-maladie de base, après déduction de la franchise et de la quote-part.

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